Devises
Carl Kawaja
Mark Casey
Barbara Burtin
Réservé à l’usage exclusif des conseillers financiers. Non destiné aux investisseurs.
La peur de passer à côté d’une occasion exerce une influence majeure sur les investisseurs. Il est particulièrement difficile d’ignorer un actif qui a enregistré une hausse de plus de 900 % au cours des cinq dernières années.
Le bitcoin, tout comme d’autres cryptomonnaies, a capté l’attention des investisseurs, au point de devenir une catégorie d’actif plus acceptée et plus influente. Cela dit, il y a encore des critiques qui soutiennent que « l’engouement pour les cryptomonnaies » n’est qu’une mode passagère. Mais aujourd’hui, ils sont de moins en moins nombreux à penser ainsi, surtout lorsqu’il est question de la cryptomonnaie originale, la plus importante et la plus influente : le bitcoin.
« Pendant longtemps, les gens ont été plutôt sceptiques à l’égard du bitcoin », affirme Carl Kawaja, gestionnaire de portefeuille du Fonds Capital Group actions mondialesMC (Canada). « Il y a des détracteurs qui soulèvent de nombreuses questions à son sujet. Le débat dure depuis des années. Mais en ce qui me concerne, ce débat est clos. »
Un parcours remarquable
L’essor remarquable du bitcoin en termes de prix et de recherches
Sources : Google Trends, Refinitiv Datastream. Au 6 mai 2021. Les données relatives au volume de recherche représentent le volume des recherches sur Google au point le plus élevé d’une période donnée. Une valeur de 100 correspond au pic de popularité du terme. Une valeur de 50 correspond à la moitié de ce pic. Les prix du bitcoin sont indiqués sur une échelle logarithmique et exprimés en USD.
Bien qu’il soit essentiel de souligner que les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs, la montée fulgurante du bitcoin au cours des dernières années en a fait l’un des sujets les plus populaires et les plus médiatisés des marchés financiers mondiaux.
« Le bitcoin a été la catégorie d’actif la plus performante au cours des cinq, dix et quinze dernières années », souligne Mark Casey, gestionnaire de portefeuille chez Capital Group, qui l’étudie depuis des années et garde une pile de livres sur le sujet dans son bureau pour les partager avec ses collègues. « À mon avis, aucun autre projet de cryptomonnaie n’a un potentiel comparable à celui du bitcoin. »
Selon M. Casey, cela s’explique par le fait que la conception unique du bitcoin permet de résoudre trois problèmes :
- Son architecture pair à pair signifie qu’il n’y a aucun intermédiaire tiers pouvant censurer, annuler ou bloquer les transactions en bitcoin.
- Grâce à son chiffrement de niveau militaire, un bitcoin stocké correctement ne peut pas être saisi ni confisqué.
- Contrairement aux marchandises comme l’or et l’argent, ainsi qu’aux monnaies fiduciaires émises par les gouvernements, le bitcoin a un plafond d’émission fixe et immuable, ce qui le rend insensible à l’inflation monétaire traditionnelle.
« On comprend pourquoi ce type d’actif peut sembler attrayant pour toute personne vivant sous un régime autoritaire (ce qui est le cas de 40 % de la population mondiale) ou pour quiconque est simplement sceptique à l’égard des monnaies fiduciaires contrôlées par les gouvernements », affirme M. Casey. « Le bitcoin est le premier bien que chaque personne peut sécuriser par ses propres moyens, sans l’intervention des forces de l’ordre. »
Qu’est-ce que le bitcoin?
Le bitcoin est de loin la variante la plus populaire d’une catégorie d’actifs visant à créer une monnaie numérique grâce à une technologie de cryptographie avancée. Parmi les autres, on peut citer Ethereum, Tether et Ripple. Contrairement aux monnaies traditionnelles, le bitcoin fonctionne sans autorité centrale ni banque et n’est soutenu par aucun gouvernement.
Les origines du bitcoin remontent à 2008, lorsqu’un programmeur anonyme utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto a publié un livre blanc décrivant la technologie nécessaire à la création de la cryptomonnaie. Essentiellement, le document décrivait le processus de « minage », qui crée une réserve de nouveaux bitcoins. Les bitcoins sont minés à l’aide d’algorithmes informatiques qui résolvent une série de calculs. Ces calculs, qui prennent beaucoup de temps, permettent de vérifier les bitcoins et d’en créer de nouveaux. Seuls 21 millions de bitcoins peuvent être minés, et leur création prend de plus en plus de temps à mesure que l’offre augmente.
Aujourd’hui, il existe plus de 25 000 autres cryptomonnaies, généralement fondées sur ce même concept. De plus, il existe également des entreprises cotées en bourse dont l’activité principale se situe dans l’univers des cryptomonnaies, soit en tant qu’acheteuses et négociantes, soit en tant que sociétés de minage numérique. Parmi ces entreprises figurent Strategy (anciennement MicroStrategy), Galaxy Digital, MARA Holdings, Riot Platforms, entre autres.
Comment le bitcoin est miné
Source : Capital Group.
La volatilité à l’œuvre
Le marché des cryptomonnaies peut se résumer en deux mots : volatilité extrême. Diverses cryptomonnaies peuvent connaître des variations brutales, déclenchées par des nouvelles réelles, ou de simples rumeurs farfelues. Le bitcoin fait souvent les gros titres, principalement parce qu’il affiche la plus grande capitalisation boursière, soit environ 1 900 G$ US.
« Le bitcoin a tendance à attirer beaucoup d’attention chaque fois que sa valeur enregistre une forte hausse », explique Alan Wilson, gestionnaire de portefeuille chez Capital Group. « Mais gardez à l’esprit qu’à un moment donné, il peut prendre la direction opposée. Les adeptes de la spéculation doivent donc s’attendre à une volatilité extrême dans les deux sens. »
La plus récente flambée du prix du bitcoin a eu lieu après les élections américaines de novembre. Pour la première fois dans sa brève histoire, le prix a dépassé les 100 000 $ US par bitcoin, porté par les espoirs des investisseurs selon lesquels la nouvelle administration Trump adopterait une approche favorable aux entreprises dans l’industrie des cryptomonnaies. Depuis, le prix a reculé pour se situer autour de 87 000 $ US, au 25 février 2025.
Comment répondre aux questions des clients
Maintenant que les bases du bitcoin sont connues, quelles sont les principales questions à prendre en compte lorsque vous discutez des cryptomonnaies avec vos clients? Plusieurs professionnels de Capital Group ayant étudié l’industrie des cryptomonnaies proposent quatre points de vue :
1. Expliquer les risques
Le bitcoin et les autres cryptomonnaies comportent des risques importants et bien documentés. Comme pour tout investissement, il est essentiel de faire des recherches approfondies et d’expliquer clairement les avantages et les inconvénients avant d’aller plus loin.
L’un des plus grands risques potentiels concerne les mesures de répression imposées par les gouvernements à l’égard de cette industrie. Certains gouvernements perçoivent les cryptomonnaies comme une menace pour leur propre monnaie. Par exemple, entre 2013 et 2021, la Chine a pris une série de mesures : elle a interdit aux banques de traiter des transactions en cryptomonnaie, interdit les plateformes d’échange de cryptos, puis a imposé une interdiction complète du commerce et du minage de cryptomonnaies.
À plusieurs reprises, le gouvernement américain a envisagé un renforcement de la réglementation sur les cryptomonnaies, notamment après l’effondrement en 2022 de la plateforme d’échange FTX. Dans l’un des plus grands scandales de l’industrie, le fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, a été reconnu coupable de fraude et condamné à 25 ans de prison pour avoir essentiellement volé les actifs de ses clients. Le scandale FTX a déclenché des appels à une réglementation plus stricte. Cependant, depuis son entrée en fonction en janvier, le président Trump est perçu comme « favorable aux cryptomonnaies » et peu enclin à imposer de nouvelles réglementations par l’intermédiaire de la SEC ou d’autres agences fédérales.
« Bien qu’il ne soit certainement pas impossible de perturber le système, la communauté mondiale du bitcoin a démontré sa résilience et sa capacité d’innovation face aux défis réglementaires et technologiques au fil du temps », affirme Bobby Esnard, économiste chez Capital Group, qui suit l’industrie des cryptomonnaies depuis plusieurs années.
Au-delà de la réglementation gouvernementale, d’autres risques existent, notamment le vol pur et simple d’actifs en cryptomonnaies par piratage ou par d’autres moyens frauduleux. Les crypto-actifs peuvent aussi tout simplement être perdus, par exemple si un investisseur retire ses actifs d’une plateforme d’échange, puis oublie le mot de passe complexe nécessaire pour y accéder.
La corrélation du bitcoin avec les marchés boursiers américains a atteint un pic en 2020
Source : Refinitiv Datastream. Au 15 avril 2021. Les données représentent la corrélation sur une période mobile de six mois, en utilisant les rendements quotidiens. La corrélation indique la tendance de deux actifs à évoluer dans la même direction. Dans la construction de portefeuille, une corrélation faible ou négative entre deux actifs signifie que les actifs ont eu tendance à évoluer dans des directions opposées, ce qui peut contribuer à réduire la volatilité du portefeuille. Valeurs en USD.
2. Préciser que le bitcoin ne constitue pas nécessairement une protection contre les actions
Parmi les adeptes du bitcoin, il est communément admis que ce dernier pourrait offrir une protection contre les baisses en cas de repli des marchés des actions américains. Bien que cela se soit produit à certains moments par le passé, la corrélation n’a jamais été suffisamment constante ni fiable pour qu’on puisse parler d’un véritable lien à long terme.
Par exemple, le bitcoin ne s’est pas révélé être une couverture efficace pendant le marché baissier lié à la COVID en 2020, et il a fortement chuté de concert avec les valeurs boursières en 2022.
« La question de savoir si le bitcoin peut servir de couverture n’a toujours pas de réponse, affirme Jens Sondergaard, analyste des devises chez Capital Group. Les investisseurs devraient faire preuve de prudence avant de tirer des conclusions sur la façon dont il pourrait se comporter dans différents contextes de marché. »
3. Proposer des limites, et considérer cela comme une expérience d’apprentissage
Compte tenu des risques, vous pourriez suggérer aux clients intéressés par le bitcoin d’envisager d’y consacrer un pourcentage relativement faible de leur portefeuille, peut-être de l’ordre d’un seul chiffre, explique Barbara Burtin, gestionnaire de portefeuille chez Capital Group, qui suit de près le secteur des produits financiers depuis plusieurs années.
Détenir une petite quantité pourrait être utile à des fins d’apprentissage, explique Mme Burtin. Le simple fait d’avoir investi dans les cryptomonnaies est un bon moyen de susciter l’intérêt des clients pour ce marché en plein expansion. C’est également un moyen d’évaluer leur tolérance au risque et d’observer leurs réactions face à une forte volatilité. Cette compréhension de la psychologie d’un client pourrait s’avérer précieuse lors de l’élaboration d’une stratégie de répartition d’actifs plus large.
« Si vous avez un client qui veut vraiment acheter des bitcoins, lui dire simplement de ne pas le faire serait lui rendre un mauvais service », affirme Barbara Burtin. « Détenir une petite quantité peut représenter une expérience d’apprentissage, aussi bien pour le client que pour le conseiller, en plus du potentiel de gain. »
Au cours des quatre dernières années, le lancement de plusieurs fonds négociés en bourse (FNB) liés au bitcoin a considérablement facilité l’exposition à cette catégorie d’actifs, souligne Mme Burtin. Cela a également contribué à faire du bitcoin un concept bien plus accepté dans l’industrie des produits financiers.
4. Envisager le bitcoin comme un placement à long terme
Bien qu’il puisse sembler prudent pour les conseillers de décourager les clients d’acheter des bitcoins ou d’autres cryptomonnaies, il existe des raisons valables d’explorer les options. Outre les enseignements utiles sur la psychologie des investisseurs, cela offre l’occasion de recentrer l’attention des clients sur l’importance de l’investissement à long terme.
Bien des choses ont été écrites sur les profits rapides réalisés en négociant des bitcoins sur des périodes relativement courtes. Mais ces gains sont minimes comparés à ceux des investisseurs ayant adopté une stratégie d’achat et de détention à long terme, fait remarquer Mme Burtin.
« Je préfère considérer le bitcoin comme un placement à long terme, plutôt qu’une occasion de spéculation à court terme, » affirme-t-elle. « Le bitcoin est un actif volatil. Par conséquent, adopter une approche à long terme pourrait aider vos clients à traverser cette volatilité, comme on le ferait avec des placements en actions. »
« Le comportement des investisseurs est un élément clé en matière de placement, » ajoute Mme Burtin. « C’est plus qu’une expérimentation avec la cryptomonnaie. Il s’agit d’une expérimentation sociale. »
Cryptographie : processus qui consiste à masquer ou à chiffrer des informations de manière à ce qu’elles ne puissent être lues que par la personne à qui elles sont destinées.
Corrélation : statistique mesurant le degré selon lequel deux variables évoluent l’une par rapport à l’autre.
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L’indice Cambridge Bitcoin Electricity Consumption fournit une estimation en temps réel de la consommation électrique totale du réseau Bitcoin.
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